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La crise de l’apiculture française s’amplifie

La production nationale de miel est à un nouveau bas historique. Pour les professionnels, le « plan abeilles » du ministère de l’Agriculture passe à côté des vrais enjeux.

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La production de miel, en diminution constante en France depuis le pic (33.000 tonnes) de 1995, est passée sous les 15.000 tonnes l’an dernier alors que la consommation continue à dépasser les 40.000 tonnes.

Par Joël Cossardeaux

Publié le 11 févr. 2014 à 10:59

La descente aux enfers continue pour l’apiculture française. Sa production de miel, en diminution constante depuis le pic (33.000 tonnes) de 1995, n’est même plus de 15.000 tonnes. L’année 2013, marquée par une nouvelle contre-performance de cette filière qui fait vivre 2.000 exploitants professionnels (sur 70.000 apiculteurs), s’est également terminée sur un chiffre record (plus de 26.000 tonnes) des importations.

Pourtant, « la consommation en France ne baisse pas. Elle est toujours supérieure à 40.000 tonnes », indique Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). L’essentiel du miel vendu dans l’Hexagone vient d’Amérique du sud, d’Europe centrale et d’Asie du sud-est. Sans oublier la Chine dont le miel, sur son segment bas de gamme, se négocie 2 euros le kilos, très largement au-dessous de la production européenne dont les prix explosent. En quelques années, le prix du kilos de miel d’acacia français est passé de 5,50 à 9 euros et celui du miel de châtaignier de 4,50 à 7,50 euros en moyenne.

Surmortalité record

Longtemps première en Europe, l’apiculture français est confrontée à un taux de surmortalité record : 30 % par an contre 5 à 6 % lors de la « période faste » dans les années 90. La profession met en cause le dérèglement du climat. Mais surtout, elle continue de montrer du doigt l’usage par l’agriculture intensive des insecticides néonicotinoïdes, apparus au milieu des années 90. Plus précisément, les produits (Gaucho, Cruiser, Poncho, etc.), dérivés de quatre molécules reconnues dangereuses en 2013 par Bruxelles qui en a fait interdire partiellement la vente pendant deux ans.

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Un « premier pas important » mais « pas suffisant », juge l’UNAF qui demande l’extension de cet interdit à toutes les cultures, notamment aux céréales à pailles semées en hiver. Au nom du principe de précaution, le syndicat d’apiculteurs réclame également le retrait du marché national de produits (Sonido, Protéus) issus de deux autres substances appartenant elles aussi à la famille des néonicotinoïdes. «Les services de Stéphane Le Foll, qui a appuyé la démarche de Bruxelles et fait interdire Cruiser pour la culture du colza, continuent de faire référence à ces produits », dénonce Henri Clément.

Le bilan qu’il tire du « plan abeilles » lancé il y a un an par le ministre de l’Agriculture est tout aussi mitigé. Un dispositif jugé « trop ambitieux » et qui se trompe de priorité en visant d’abord de doubler le nombre d’apiculteurs professionnels. « Il n’est pas réaliste de lancer les jeunes dans une activité dont la viabilité est clairement menacée », poursuit le porte-parole de l’UNAF. « Le premier objectif c’est de sauver la production ».

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